KTC 1918: MATTEO DA PERUGIA – Chansons Tetraktys

20,00

Description

This is an obvious followup to Tetraktys’ Chantilly Codex trilogy, although Matteo’s music comes from the Modena MS, where it’s by far the largest single contribution to what is otherwise a manuscript of many more Ars Subtilior songs. The liner notes, mostly by Kees Boeke, are rather technical, discussing the music & text of each of the pieces in turn, including some comparisons to other pieces in the repertory. Matteo’s music thus comes off as less improvisatory than that of some contemporaries, for which arguments have long been made that they may be subsequently notated improvisations, and much more carefully prepared as regards both consonance & text — the latter something that Matteo apparently tended to write for himself.

The musical result is distinctive & sophisticated, with a variety of allusions (as is typical of the style). Boeke also discusses instrumental factors including text underlay, and intervallic structures in some lines. This sort of analysis provides a welcome antidote to what has sometimes become a dogmatic intent to perform everything from this era on voices alone — not that that style hasn’t had its own triumphs. Boeke & Tetraktys are in excellent positions to interpret Matteo’s music, not only because of their previous series — and note that Tetraktys continues to evolve as an ensemble, with a previously unknown soprano (Stefanie True, who is wonderfully idiomatic, and very much in keeping with the traditional sound of the ensemble) fronting this new album — but because of various previous endeavors.

Following some modest early attention (including as early as the 1930s), then a more-intriguing-than-satisfying full program LP by the Medieval Ensemble of London, the Huelgas Ensemble (as so often, in this & other repertory) produced a coherent anthology in 1998, and this was followed quickly by a Mala Punica release in 2000, on which Boeke is a prominent participant. Whereas the Huelgas album includes mass movements & an independent motet, it does illustrate 5 songs, including 2 in common with this new production. Mala Punica recorded an entire program of secular songs, also with 2 in common (which suggests the breadth of Matteo’s output), although particularly by the “Erato era” of their recording career, Memelsdorff et al.’s style came off as far too orchestrated & busy for me — basically baroque. Here, and via the Chantilly series & otherwise, Boeke brings the technical facility gained in that project into a more idiomatically medieval conception, though. So it was added to my personal list. Whereas I won’t claim that it blows the Huelgas interpretation away on all points, it’s revelatory for its sense of detail & just how clearly it articulates Matteo’s intricate formal counterpoint. It really answers any lingering doubts as to the quality of the music.

Todd Mc Comb

Matteo da Perugia: Chansons
Tetraktys
(Olive, 2016)

The number of people whose hearts go pitter-patter at the thought of a collection of music by Matteo da Perugia ought rightly to be legion, but is in fact probably somewhat closer to minuscule. This is just one of the numerous hardships which we must bear on behalf of our beleaguered times. I remember well the first time I heard one of his pieces, at a concert by the Huelgas Ensemble in Toronto; the music was so exquisite, so expressive and beguiling, that an audible gasp escaped the audience when the final note was sung, as though we’d all been holding our breath. Matteo was writing around the year 1400 and was a practitioner of what was then, and is still now, called the ars subtilior style — the subtle art — which is one of the most delightful of the medieval artistic byways awaiting discovery by listeners whose wanderlust leads them off well-beaten trails. His compositions belong to the courtly love tradition, being primarily settings of secular love poetry. Despite his name, he worked in and around the Duomo in Milan, and all of the music we have from him survives in a single manuscript.

His music pops up now and again on early music recordings, but this is, to my knowledge, just the third recording devoted entirely to him, the earlier two being by the Huelgas Ensemble and Mala Punica, both of them superb interpreters. But Tetraktys have nothing to fear from the comparison. They have chosen to perform these pieces as vocal solos with instrumental accompaniment — not a mandatory choice, if comparisons with the other recordings are anything to go on — and much of the appeal of this recording lies in the singing of Stefanie True, a Canadian soprano who is otherwise unknown to me, but who earns high praise for the beautiful purity of her voice. Instrumental accompaniment from a trio of musicians includes medieval fiddles, harp, and organetto. The result is one of the more alluring and gorgeous discs of early music I’ve heard in a long while.

Totor Subtil:

« Dame souvrayne » révélée par l’ensemble Tetraktys dirigé par Kees Boeke, propose un programme consacré à Matteo da Perugia. Auteur d’une cinquantaine d’oeuvre si l’on intègre, celles anonymes, qui portent son empreinte. La plaquette qui accompagne le Cd nous fournit des informations précieuses sur la polyvalence de ses styles parfaitement maîtrisés. L’ensemble nous offre une superbe restitution de l’oeuvre musicale et poétique du plus talentueux des contratenorista du premier XVème siècle. On connaît malheureusement peu de choses sur son parcours de Milan à…Milan, en passant par Bologne, proche de la sphère du futur Alexandre V et de l’antipape Jean XXIII, mais loin de leurs magouilles, au service des Visconti et j’en passe. Ce somptueux « concert » apparaît comme une suite logique des trois premiers volets du codex Chantilly par le même ensemble, dans cette continuité, il complète avec bonheur la discographie rare et non exhaustive (?) d’un des plus illustres « successeurs » de Machaut.
Le Cd, agrémenté d’une splendide couverture, s’ouvre par l’oeuvre « titre », Dame souvrayne, qui à l’instar des sept pièces suivantes, de sa main, comporte la griffe compositionnelle du maître. Jeux des intervalles, style hybride franco-italien, ou « stile nuovo » qui annonce la pré-renaissance. Ses préludes instrumentaux, ou ses motifs vocaux en introduction, lui sont propres, divulguant en ces quelques premières mesures, l’atmosphère générale de la pièce.
Dans « Puisque la mort », révélé par Paul Van Nevel entre autre, l’ensemble adopte le même tempo, œuvre « succulente », « pulsatile », bâtie sur une succession de « détentes » et de « contractions », faisant songer sous certains aspects, au diptyque « subtilior » de Bartolomeo da Bononia, ou aux chansons les plus déchirantes du codex Reina. Les mêmes « interactions subtiles » (dixit Kees Boeke) entre parties de CT et de T, les croisement harmoniques « machaudiens » s’allient à merveille avec le traitement mélodique de la partie chantée, et ses amples syncopes. Kees Boeke y retrouve les « Traynours » du « Greygnour », intemporels. Suit ce savoureux « Se pour loyaulment servir », où Kees Boeke nous donne la clé pour mieux saisir le « point d’entrée» du chant initié par le prélude. Sujet maintes fois débattu, interrogations longtemps sans réponses ; où commence le chant, le placement du texte était-il parfois aléatoire ? Le décalage délibéré ? Pourquoi cette alternance voix instrument ? Était-elle systématique ? En soulignant la morphologie toujours plus anguleuse de ces CT arsnovesques, dans leur progression. La pièce « Puisque je suis», met en évidence cette balance déséquilibrée entre voix et instrument ; Je souligne l’approche remarquablement didactique de la participation instrumentale au cantus, alors qu’elle ne fait aucun doute dans l’accompagnement dépourvu de texte. Ce qui met un peu plus en doute le principe, tyrannique, du chant « a capella » dans la polyphonie profane, et l’interprétation purement vocale soutenue par certains ensembles absolutistes. Là encore, les longs développements, et cette pulsatilité sont propres à l’écriture de Matteo, entre battues de cœur et rythmes biologiques irréguliers, une musique singulièrement « organique ». « Dame que j’aym », œuvre pointilliste, marquetée de ces incessants changements de mesures, agrémenté de préludes et de postludes instrumentaux, entretiennent encore l’interrogation (depuis la première écoute) sur le partage des rôles, et l’équilibre instrument-voix aux trois voix, attendu par le compositeur. Très surprenante palette chromatico-sonore, très en marge du reste du manuscrit. Les allégories font leur retour, des protagonistes chers aux descendants de Machaut, Souvenance intervenant pour oublier la tristesse, aurore de notre bonheur. « Trover ne puis » porte encore la signature de Matteo, apparenté au « Greygnour », greffant un texte au T, et la « variété » mélodico-rythmique du cantus si caractéristique de son génie compositionnel, faisant de l’oeuvre une totalité, de l’introduction à la conclusion, ballotté entre déterminismes et imprévisibilités, entre prévus et imprévus, comme si dans sa musique, le « but » redevenait début. Cette une constante dans son œuvre, les accélérations successives mènent à la compaction, la densification progressive des parties inférieures, donnent à cette musique presque privée de repère, une dimension cosmologique. Les pièces instrumentales attribuées avec une relative incertitude à Césaris (il est vrai que son « Firmament » diffère du frêle corpus que l’on connaît de lui), le délicieux « Lieta Stella » du non moins somptueux et méconnu Fn 26, sont interprétés ici avec la « patte » de Tetraktys, sans contrainte de temps, sans fin ni commencement, (écouter en, miroir « Se vos ne voles » par Tetraktys, dans le premier volet du codex de Chantilly). Sans oublier l’ajout judicieux du savoureux rondeau sans texte de Marcus, miniature luxuriante, œuvre ultra-contemporaine issue de « tout un monde lointain », qui défierait les experts en datation. « Dame sans per » clôt l’enregistrement, mais pas ma pseudo-chronique. Kees Boeke évoque le caractère innovant de l’art compositionnel de Matteo, qui en précurseur, annonce celui de ses jeunes contemporains, ceux du codex d’Oxford et de Bologne, Dufay que Matteo aurait peut-être côtoyé ? Et en réécoutant ce disque, puis la petite dizaine qui l’a précédé, on réalise que ce musicien universel, à l’instar de Ciconia, (ce dernier moins complet ?, les réactions se profilent), a dû admirer les compositeurs de son temps, en leur rendant hommage, en les assistant, en les intégrant au codex de Modena qu’il a compilé, en lançant probablement leur carrière et qui sait en fondant sa propre école, très probablement. Je me permets de terminer mon intervention sur la ballade « Se je me pleings », qui aurait pu conclure le programme, voire l’oeuvre intégrale de Matteo, tant elle semble réunir ici tous les procédés d’écriture, l’esprit, les états, les influences du compositeur, et laisser deviner sa biographie. Rien de superficiel, ni de coïncident dans le réemploi de la musique de Machaut (pour lequel il a composé des contraténors alternatifs), sans volonté de le surpasser, ni le parodier ? Matteo peint une œuvre inouïe, à la polyphonie savante, à l’harmonie transcendante, aux progressions inattendues, qui tiennent du prodige, et en haleine. Tensions, résolutions, contradictions, dans toutes ces œuvres confrontant la vie à la mort, opposant la perte à l’enrichissement, le manque à l’imaginaire compensateur. Une musique qui réconcilie tout, après avoir tout opposé et démantelé, du CT au T et au cantus, comme si la vie selon Matteo, prenait le soin de remplir ces intervalles (Dame souvrayne!), les silences, les irrégularités pour pallier au manque (de la Dame, de l’Homme) éprouvé par le poète musicien, dont on devine effectivement à travers la seule musique, la trame de son existence, qui compense la « vacuité » des témoignages biographiques. Comme si la vie selon Matteo et les contemporains qu’il encadre dans le Modena, traduisait à travers cet ars subtilior transalpin, la perception de la simultanéité des choses. Une embrassade sonore, une vision totale par l’intrication savante des rythmes, mélodies et harmonies physiologiques. Une vision musicale édénique du monde. Souverain !

 

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